Let's stop talking now

Onglets principaux

No:

23 L’art et ses genres

Type de contribution:

Œuvre

Mot-clés:

Résumé


LET'S STOP TALKING NOW
ou guide de survie sexuelle au bilinguisme (à Montréal ou ailleurs)

Les deux protagonistes en plan fixe, face caméra, se calent la tête sur un oreiller et déblatèrent l'une après l'autre, en français puis en anglais, une série de mots et de phrases indispensables à la joute orale liée à la séduction et la sexualité lesbienne et plus largement queer. La sobriété du plan, la tenue similaire impersonnelle et l'attitude quasi désincarnée des deux protagonistes nous plonge dans une séquence qui est loin d'être une mise en scène classique charnelle et excitante spécifique au sujet.

Ce plan et le ton employé s'opposent radicalement au discours tenu qui est très sexuellement explicite. Loin d'être un dialogue romantique et sensuel, de type confidence sur l'oreiller, le dialogue n'en est pas un, c'est plutôt un mode d'emploi très pragmatique sur "comment survivre sexuellement au bilinguisme" comme l'indique le titre, ou plutôt, comment négocier et satisfaire ses désirs dans une communauté queer bilingue dont il faut maîtriser les codes, et les modes de séduction en mouvement perpétuel et gérer aussi ses propres contradictions en tant que lesbienne / féministe / queer.

Jouant sur l'absence totale de sentimentalisme, la narration est une boucle rapide qui synthétise une relation ou plutôt une interaction entre deux amantes. La vidéo parle avec ironie du caractère frontal de notre rapport à la sexualité perçue comme sans tabou, de la difficulté à se comprendre dans de multiples circonstances, et d'une certaine lassitude qui parfois s'en dégage. Le sexe et la séduction, se détachant de l'amour avec auto-dérision et peut-être aussi avec un brin de mélancolie, comme un jeu stratégique où il faut être rapide, efficace et parvenir à ses fins sans perdre une plume.

Virginie Jourdain
Née en France en 1980, vit et travaille à Montréal, Qc, Canada.

Artiste interdisciplinaire, militante queer et féministe, Virginie Jourdain est aussi coordonnatrice des expositions à La Centrale centre d'artistes féministe auto-géré et déhiérarchisé à Montréal. À travers sa démarche artistique, elle interroge la mise en formes et en normes des genres, des sexes et des sexualités. Décryptant les discours courants, et les expertises : juridiques, médicales, culturelles et politiques, elle s'attache à reformuler des pratiques, objets et gestes qui semblent anodins mais qui participent pourtant à l'injonction des normes. Commissaire de l'exposition Revolt, she said ! en 2006 à La Criée, Rennes (France), de l'évènement les 72heures, à Paris en 2005, elle est aussi une des membres de la collective Dyke Rivers qui a participé jusqu'en 2009 à des projets de performances et d'expositions queer et féministes à travers l'Europe. À Montréal depuis quelques années, elle continue de privilégier la forme collective comme mode de production artistique à travers différents projets d'installations et de performances.

Rébecca Lavoie
Née au Québec en 1980, Rébecca Lavoie vit et travaille à Montréal, Qc, Canada.

Après s'être plongée dans l'action politique et les réflexions féministes à l'époque de son bacc. à l'UQAM, elle a co-organisé et animé en 2009 « le Carnaval des Vagins à dents », une soirée queer-féministe carnavalesque (Ottawa-Hull). Elle animait en 2010 la soirée « Slam ton féminisme » ainsi que le « Show (slam) des Néfs » suivant le colloque Nouvelles écritures féministes au printemps 2011 à Montréal. Elle cherche à organiser des événements visant à mettre en dialogue artistes, militant.es et académicien.nes. Elle a pour ce faire collaboré avec la Fiesta Edgy Women en 2010 ("Between Theory and Performance Practices" avec Karen Sherman) et entend prendre part aux tables-rondes de la Semaine Queer Radicale 2012. Elle a finalement organisé un atelier de création dans le cadre de « Artung », un projet visant l'usage (ou la « réappropriation ») de l'espace public à des fins artistiques et politiques plutôt que publicitaires et corporatives. Tout en faisant la promotion d'événements & de conférences féministes-queer à temps perdu et en participant activement à celles-ci, elle poursuit un doctorat touchant l'art vidéo, le féminisme, le réflexions politiques sur le corps, les pensées queers, lu pouvoir de la parodie, etc. Elle s'intéresse plus précisément à la question des traces que peut laisser l’art vidéo politique dans le social.