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Ying Gao - L'intangible en tant que matière

Playtime de Ying Gao / Photo de Dominique Lafond
Playtime / photo: Dominique Lafond

La designer de mode montréalaise Ying Gao est à l'honneur au Centre de design de l'UQAM jusqu'au 15 décembre 2013. Ses oeuvres et inspirations y sont présentées dans l'exposition « L'intangible en tant que matière, » qui nous permet de faire l'expérience de son travail et de se laisser porter par sa magnifique étrangeté. 

<--break->On peut y voir des créations éthérées, des robes un brin futuristes dotées d'une sensibilité bien organique, et des morceaux que je qualifie de vêtements pour l'âme, tellement sur un cintre ils sont fins et intangibles. Parmi tous ces projets, le fil conducteur reste l'innovation, que ce soit à travers la recherche des matières, l'intégration de « wearable technologies » ou du rôle social que joue le vêtement.


living pod au Musée des Beaux arts du Québec / video : Etienne Grenier

Une des forces de l'exposition est d'avoir intégré des oeuvres cinématographiques qui ont inspirées la designer. Par exemple, le projet Playtime tire son nom et inspiration du film homonyme de Jacques Tati. La particularité des deux robes est que lorsqu'un flash de caméra est déclenché dans leur direction, elles s'animent; l'une d'elle se met en mouvement et l'autre produit un flash de lumière en retour. Cette réponse au stimuli initial, où les robes créent une distraction et s'esquivent pour ne pas qu'on puisse capturer leur image, rappelle le sens de la réparti de Tati et témoigne de celui de Gao.

Dans la collection Science is Fiction, nous sommes face à des vêtements aux couleurs douces, presque monotones, qui sont rehaussées par la qualité translucide du textile. J'ai passé un bon moment, hypnotisée par les tenues, à me demander d'où je connaissais cette texture. En lisant le texte de présentation, je réalise que c'est du latex médical, ce tissu technique utilisé entre autre dans les équipements hospitaliers, les gants médicaux et autres. L'inspiration de ce projet proviendrait donc des observations que la designer a faites dans les salles d'attentes d'hôpitaux, ainsi que d'une série de films expérimentaux du réalisateur Jean Painlevé qui se nomme également Science is Fiction 

Une autre porte ouverte sur l'inspiration de Ying Gao est son compte Instagram, sur lequel elle diffuse des images capturées à travers son Ipad. Reflets, brume, ombres et lumière, géométrie des lieux communs, nature dénudée, passants, membranes de plastique; elle capte son environnement et le fige à travers des photos épurées et dont la composition est solidement ancrée dans leur cadre carré. 

La visite de cette exposition a fait voyager mes idées dans un monde fluide, comme si j'était en suspension sous l'eau et que j'observais la beauté, la délicatesse et la lenteur de méduses. Elle m'a aussi fait prendre conscience de l'espace que mon corps occupe dans une foule et de mes réponses physiques aux présences qui m'entourent. Mais surtout, j'y ai découvert la mode comme je ne l'avais jamais vue avant. 

Ying Gao est aussi une collaboratrice de la revue .dpi, où elle cosigna l'éditorial du numéro 24 « Fashion / Textile / Technologie. »

 

L'intangible en tant que matière
14 novembre au 15 décembre 2013

Centre de design de L'UQAM
440, rue Sanguinet
Montréal, Québec H2X 3X9
Métro Berri-UQAM

Du mercredi au dimanche, de midi à 18 h
Entrée libre

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