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Le retour du Cyborg :: Sarah Brown

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Le Manifeste Cyborg de Donna Haraway est sans aucun doute le texte qui revient le plus souvent dans les théories cyberféministes. Celles qui travaillent dans le milieu des technologies de l’information, de la cyberculture, de la cybernétique, etc. iront peut-être même jusqu’à dire que l’image du cyborg a été trop utilisée et qu’il y a une saturation, un écoeurement qui s’installe. Cependant, même si certains trouvent cet essai démodé, on ne peut présumer que tout le monde en a fait la lecture. D’ailleurs l’impact et le pouvoir catalyseur qu’il a eu au niveau de l’imaginaire collectif en font un incontournable. Préparer un numéro sur le cyborg et omettre de parler de Haraway est impossible puisque c’est sa définition, l’hybride de l’organisme et de la machine, qui a été retenue par la plupart des penseurs de notre époque. C’est pourquoi le comité de rédaction de .dpi a jugé opportun d’y retourner, afin de retracer le cheminement qu’a fait le cyborg depuis 20 ans et de saisir son influence en 2005. Nous vous encourageons donc fortement de vous en imprimer une copie et de relire le manifeste pour vous mettre en appétit avant de savourer pleinement notre gueuleton cyborg.

Dans cette édition spéciale nous examinons deux aspects du cyborg : d’une part, la culture du cyborg et les formes sous lesquelles on le trouve aujourd’hui; d’autre part, la manière dont la figure du cyborg présente de nouvelles façons de repenser notre condition et de nous réinventer en tant que femmes.
Au menu .dpi :
Sheryl Hamilton écrit sur la pertinence et l’impertinence du cyborg de Haraway vingt ans après sa conception.
Marie-Christiane Mathieu explore les possibilités des architectures fluides (comme celle de l’Internet) et des espaces interstitiels créés par la rencontre du corps et de l’espace, dans l’Aître.
Joey Berzowska, artiste et chercheure, nous parle de son travail avec les textiles électroniques.

En tant que rédactrice/coordinatrice de .dpi, je suis parfois présumée être une sommité du cyberféminisme. Mais, à vrai dire, jusqu’à récemment je n’avais même pas lu le Manifeste Cyborg et j’avais peu de connaissances sur les ressources, articles et théories cyberféministes. Parfois le monde académique peut être intimidant et j’ai toujours été une “faiseuse” plutôt qu’une théoricienne. Cependant, en préparant ce numéro j’ai pris connaissance de plusieurs articles très intéressants ce qui a réaffirmé ma croyance qu’il est nécessaire d’avoir un lieu de discussion et d’échange afin de réellement profiter des possibilités de réinvention offertes aux femmes par le biais des nouvelles technologies. Suivant le chemin tracé par l’OBN (Old Boys Network), .dpi souhaite ouvrir les débats cyberféministes à une communauté plus étendue. Comme Faith Wilding en a fait l’observation juste dans son article Where is the Feminism in Cyberfeminism?

“ Cybergrrlish lines of flight are important as vectors of investigation, research, invention, and affirmation. But these can’t replace the hard work that is needed to identify and change the gendered structures, content, and effects of the new technologies on women worldwide. (!) But if grrrl energy and invention were to be coupled with engaged political theory and practice… Imagine!
Imagine cyberfeminists theorists teaming up with brash and cunning grrl netartists to visualize new female representations of bodies, languages, and subjectivities in cyberspace! Currently (in the US) there is little collaboration between academic feminist theorists, feminist artists, and popular women’s culture on the Net. What would happen if these groups worked together to visualize and interpret new theory, and circulate it in accessible popular forms? “

Je suis d’avis que .dpi offre un espace accessible dans lequel ce genre de rencontre (entre les théoriciennes féministes, les artistes féministes et la cyberculture populaire) peut se faire. Nous cherchons effectivement à créer une discussion continue qui permettrait d’alimenter la création des femmes sur le web. Dans cet esprit, nous avons parsemé ce numéro de toutes sortes de liens utiles. Maintenant, gavez-vous de lectures, nourrissez votre esprit et n’oubliez pas de partager vos propres recettes sur le blogue!

Lisez le Manifeste Cyborg :
http://www.stanford.edu/dept/HPS/Haraway/CyborgManifesto.html
(version originale en anglais)
http://www.cyberfeminisme.org/txt/cyborgmanifesto.htm
(pour la traduction française de Marie-Hélène Dumas, Charlotte Gould et Nathalie Magnan)
http://multitudes.samizdat.net/article.php3?id_article=800
(pour la traduction française de Anne Djoshkoukian)