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1996 :: Sophie Le-Phat Ho

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J’essayais de me souvenir de cette année-là – le contexte dans lequel le Studio XX a été créé (bien qu’il a été fondé en 1995, et seulement incorporé en 96, mais cela complique trop les choses puisque nous célébrons, cette année, son 10e anniversaire). Alors j’ai fait une recherche sur Wikipedia (l’encyclopédie “libre”). Je dois avouer que j’ai été surprise du ton (un peu trop?) familier de 1996… La science était déjà une superstar des médias de masse : c’était l’année de la naissance de Dolly la brebis (1996-2003) et la période où la Grande-Bretagne découvrait un souche humaine à la maladie de la vache folle. Politique : les États-Unis essayaient de convaincre l’ONU de désarmer l’Irak; la première réunion de la ZLEA (Zone de libre-échange des Amériques) avait lieu; Arafat avait été réélu à la tête de l’Autorité palestinienne, Netannyahou, pour Israël; le génocide du Rwanda. Sans oublier qu’en 1996, Pokemon devient un phénomène et le rappeur Tupac Shakur meurt.

Tout cela m’a laissé avec une impression que les choses n’ont pas tant changé en 2006 – forcément elles ont changé, mais pas vraiment. Ensuite, je me suis dit que j’étais peut-être en train de m’infliger une énigme sans solution puisque, de toute façon, le temps reste avec nous. Nous n’avons pas le choix de regarder en arrière avec les yeux d’aujourdhui – le passé revient, car il est l’élément de base du présent. Cela dit, nous sommes prises d’une certaine manière dans un retour contenu à la case départ. Studio XX en tant qu’idée – celle de créer un espace pour les femmes et les technologies – demeura toujours aussi une question, de sa pertinence – comme une éponge dans l’eau qui refait surface continuellement lorsqu’on la pousse.

Définitivement, ce présent numéro de .dpi se veut comme un début de tentative d’articuler ce retour constant. Il débute bien évidemment avec la genèse alors que Kathy Kennedy, co-fondatrice du Studio XX, nous guide généreusement à travers le parcours fascinant des débuts. Le numéro comprend aussi les transcriptions d’une entrevue de groupe avec les braves dames des centres d’artistes femmes de Montréal, situant ainsi le Studio dans un plus grand contexte, mais surtout, comme faisant partie dune communauté. Nous proposons aussi de redécouvrir quelques discours cyberféministes développés au Studio, à partir d’un Salon femmes br@nchées, de même que de situer ces énoncés dans un contexte encore plus grand avec l’aide de fonction:feminism, un projet de ligne du temps du cyberféminisme. Ah le temps!