Liberté: en action :: Deanna Radford

Onglets principaux

No:

21 Liberté en action

Type de contribution:

Éditorial

.dpi 21 est le deuxième numéro d'une série de trois publications qui aborde la thématique de liberté en examinant les pratiques de plusieurs artistes et auteures multimédia contemporaines dans leur participation à des actions visant la liberté.

Le concept de liberté est infiniment divers; les conversations s'y rattachant remontent au tout début des temps où elles étaient articulées par les anciens philosophes grecs et romains. La liberté d'expression est, bien entendu, un élément important de cette discussion, surtout lorsque l'art contemporain et la communauté sont pris en compte. Cela étant dit, les actions politiques reflètent le désir de liberté, autant individuel que communautaire, et servent de motivation pour laquelle les artistes multimédia contemporaines désirent ou doivent agir. Comme concept unificateur de la liberté en action, l'auteure et activiste indienne Arundhati Roy suggère que "une féministe est une femme qui milite pour se trouver dans une position où elle peut avoir des choix." .dpi 21: Liberté: en action souligne comment les contributrices et leurs sujets concrétisent leur propre sentiment de liberté et de liberté d'expression au coeur d'un monde occidental réseauté et saturé par les médias.

La contribution photographique de Joanna Zylinska, mise en évidence dans la bannière du numéro, exprime un désir de flouer les frontières entre l'analogue et le digital. Zylinska produit "des images qui mettent au clair de manière créative l'histoire de la photographie ainsi que sa relation avec les autres médias." Obligatoirement statique dû à sa nature digitale, la contribution de Zylinska est une étude provocante des contrastes (public/privé, silencieux/bruyant, liberté/captivité) qui se réjouit de son propre démantèlement et annonce le ton de ce numéro.

Circadian, la pièce audio minimaliste signée par i8u - aussi connue sous le nom de France Jobin - offre une expérience contemplative tout en bâtissant des environnements riches dans lesquels le public est submergé. Tout comme Zylinska, l'oeuvre de i8u marie le digital et l'analogue et complimente l'aspect dimensionnel du numéro. La qualité minime mais expansive de la musique personnifie une économie de volume sophistiquée et la subtilité.

Alors que Zylinska et i8u examinent les possibilités et la beauté dans le fait de flouer les frontières de leurs pratiques respectives, Tom Kohut discute du basculement des confins associés aux stéréotypes de genre dans une examination de la pratique artistique (1957-1996) de la vidéaste et performeuse Wendy Gellers. Son article rend hommage et souligne le rôle important tenu par Geller en tant que pionnière des discussions sur la sexualité et les rôles genrés, activant la liberté à travers eux dans ce qu'il appelle un "pastiche fougueux."

Dans son article portant sur Miss Balthazar's Laboratory , projet signé par l'artiste et la hacker-éducatrice Stefanie Wuschitz, Katharina Galla explore comment ce collectif offre des opportunités aux femmes à travers le monde en leur facilitant l'accès aux médias digitaux et électroniques. En facilitant des ateliers pour les femmes et en leur permettant d'expérimenter et d'explorer tout en alliant les politiques à l'acte de créer, Miss Balthazar's Laboratory encourage les femmes à s'affirmer en tant que créatrices et conceptrices plutôt que d'être uniquement des utilisatrices et des consommatrices.

L'entretien de Mariève Desjardins avec Sarah Roshem examine une étude performative du bien-être individuel dans You Will Not Suffer. Cette oeuvre interventionniste et peu conventionnelle, produite avec SR Lab, le laboratoire médical fictif de Roshem, recrée des instruments de torture avec de la cire et d'autres matériaux et invite les participants à les manipuler. Cette présentation cérémonielle offre l'opportunité ultime de défier les systèmes de pouvoirs et ceux qui abusent de leur pouvoir ainsi que la chance à l'individu de pouvoir se guérir soi-même en prenant part à l'acte.

Pour conclure, l'oeuvre vidéo Border/No Border signée par Olga Kisseleva souligne les difficultés contemporaines présentes dans le fait de se déplacer entre les frontières. À la base, Border/No Borderoffre un commentaire sur l'état de l'immigration en Europe et les disparités entre le plein gré et la conformité, les possessions et la dépossession, cultivées par l'entremise de la consommation et la commercialisation immodérée. Mariève Desjardins saisit également l'occasion de parler de la pièce It's time de Kisseleva en entretien. La notion d'un monde post-soviétique se fait sentir dans l'oeuvre et cette offrande de la part de Kisseleva à son public original, résidents de la ville industrielle de Ekaterinbourg en Russie, aura littéralement une influence sur le temps. Poétiquement, Kisseleva suggère que la pièce "aborde ainsi la question délicate de la différence entre la démocratie et la liberté."

La liberté, en tant que concept avec des proportions, des textures, des goûts et des odeurs vastes et diversifiées, offre un éventail de possibilités. Cependant, la liberté en action, qu'elle soit véhiculée par l'agitation, la coopération ou par l'acte même de créer, en exprime bien d'avantage. Nous faisons entendre nos voix à travers elle.

Bibliographie

Roy, Aruhndhati. Dans: Women On War: An International Anthology of Writings From Antiquity to the Present. Ed, Daniela Gioseffi. New York: The Feminist Press at the City University of New York, publication, 2003. Print.