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.dpi no7 :: Mobilité rigide :: Sophie Le-Phat Ho

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Qu’est-ce que l’art mobile exactement? Ces jours-ci, cela fait sûrement référence à l’utilisation de notre téléphone cellulaire ou de notre PDA. L’émergence de l’art médiatique mobile et géolocatif incarne un autre exemple du lien étroit qui existe entre art et industrie. En effet, l’art mobile laisse une impression… d’un possible engouement éphémère. Ce qui nous amène à poser la question : que fait-on véritablement avec toutes ces technologies? Évidemment, la mobilité semble attrayante et bien gentille, car elle nous rappelle, par exemple, la liberté? Un peu familier tout ça, non… Heureusement, le fait de produire de l’art mobile nous force (espérons-le) à considérer ses effets éthiques et politiques au cours du processus de création. D’où provient cette technologie? Qui l’a fabriquée? Comment l’a-t-on fabriquée? Qui peut se la procurer et pourquoi? Quelle est son utilité? Quels pourraient être ses autres usages? Quelles conditions rendent possible son utilisation? Quelles en sont les compagnies et les institutions derrière? Puisque la mobilité des corps implique nécessairement la mobilité de la surveillance, de la consommation. D’un autre côté, elle peut aussi mener à la mobilité du savoir et du savoir-faire. Une des façons qui rendent possible l’exercice critique de la mobilité est de la transformer en source-contenu libre (“open source”). Partager l’information, échanger, dialoguer, fait en sorte que l’information et le pouvoir ne demeurent pas centralisés, loin des utilisateurs.

Ce septième numéro de .dpi porte sur les technologies de la mobilité. Il s’intitule “mobilité rigide” dû au “hardware”, mais aussi parce qu’il n’est jamais mauvais de réfléchir solidement sur la notion de mouvement, de mondialisation, d’exploration et de leurs impacts sociaux. Ce présent numéro ne comprend pas d’exemples d’œuvres utilisant les téléphones cellulaires, mais nous fait part d’une des méthodes pour se protéger de ces technologies! En outre, pourquoi ne pas pousser la limite de l’art mobile et d’implanter une puce biologique dans notre propre corps déjà mobile? Ces exemples sont issus d’une visite à la dernière conférence de hackers, HOPE #6, à New York, à la fin juillet 2006. Le déroulement de ce symposium d’envergure a de plus créé l’occasion de discuter des femmes et des hackers avec l’artiste/ingénieur Ladyada et d’autres. “Mobilité rigide” pourrait aussi désigner les dures conditions (à la fois physiques et culturelles) de l’exploration du Nunavut par l’équipe du Makrolab dont la construction d’un laboratoire de recherche complètement mobile et de source-contenu libre est censée laisser aucune trace environnementale, sinon une trace sociale à travers l’interaction et le dialogue avec la communauté locale.

Toujours dans ce numéro, le Studio XX fait la lumière sur les fondements théoriques de son projet d’envergure, Matricules, en rapport avec l’archivage de ses dix premières années d’existence. L’artiste en résidence du moment, Isabelle Choinière, figure aussi dans ce numéro afin d’étaler sa réflexion à propos de “Corps indice”, une nouvelle œuvre. Finalement, dans le cadre de la conférence du dixième anniversaire du Studio XX, nommée Événement X (les 5 et 6 octobre 2006), la participante Diane Willow fournit ici de plus amples informations sur sa présentation intitulée “Volumes : sons et espaces”.